Vide
Connaissez-vous cette sensation
Celle de ne plus rien ressentir, plus la moindre émotion
Le vide à l’intérieur, comme si notre corps avait subi une opération
Comme si le cœur, au sens figuré, avait subi une ablation
Comme si on nous avait enlevé le droit de ressentir, en annulant chaque fonction
Cette impression qu’en nous, tout aurait été remis en question
Que nous ne soyons plus fait de la même constitution
Dedans, le vide, sur le visage, plus aucune expression
Comme si une armure nous recouvrait malgré nous, dans le but de nous apporter sa protection
Contre toute attaque, que ce soit des méchancetés, ou bien de la pression
Que ce soit des mots durs, des agressions
Que même les mots d’amours ne puissent plus nous offrir la passion
Rien, le néant, comme si nous étions devenus un mannequin, figé dans la résignation
La même apparence à l’extérieur, mais dedans, une toute autre version
Pourquoi d’un coup tout s’arrête, alors que peu de temps avant, notre cœur était en ébullition
Pourquoi ce silence, alors qu’habituellement, toutes les émotions se font la compétition
Qu’est-ce qui fait que dans ce corps d’ordinaire si agité, il n’y ait plus la moindre manifestation
Comme si le monde qui nous habitait n’existait plus, une disparition
Comme si on nous imposait une nouvelle civilisation
Qui serait totalement insensible, sur laquelle rien ne provoquerait de réaction
Un corps dans lequel le gris, le fade et le brouillard auraient imposé leur domination
Je suis loin d’être un expert pour répondre à ces interrogations
Mais j’ai peut-être un petit début d’explication
C’est que notre corps en aurait assez de vivre tant de contradictions
Tantôt anéanti par la tristesse, tantôt baigné dans l’excitation
Des attaques fréquentes de stress, de grands moments d’incompréhension
Des moments de rage, l’envie de se battre, suivis de renonciation
Des certitudes face à des doutes, pas de coopération
Ne pas écouter ses émotions est en quelque sorte un manque d’ambition
Mais ne pas en ressentir est juste une constatation
Notre corps et notre esprit vibrent depuis leur création
Et ces moments de vide sont pour eux comme une récréation
En quelque sorte une dissociation
Qui leur permet de se reposer, après avoir vécu de multiples révolutions
De quoi prendre des forces pour continuer leur évolution
Qu’ils puissent fonctionner à nouveau ensemble, à nouveau ne faire qu’un, reprendre la connexion
Il n’y a pas de honte à traverser le vide, changer de dimension
Personne ne peut nous juger, ni porter sur nous la moindre accusation
Car nul ne sait ce que nous avons traversé auparavant, nul n’est capable de compter nos problèmes, en faire l’addition
Personne ne saurait juger correctement, à moins d’avoir déjà été dans la même position
Il est si facile de montrer du doigt, en ayant simplement obtenu deux ou trois informations
Il est si facile d’appuyer sur le défaut de quelqu’un qui cumule les qualités, en fait collection
Certains critiquent facilement les gens sincères, mais oublient qu’en eux ont lieu de véritables corruptions
Au final, cet état de vide intérieur n’est à mon avis rien de plus qu’une libération
Comme une victoire face au bourreau qui voulait notre exécution
Quand les coups durs s’enchaînent à répétition
Qu’ils monopolisent notre esprit, que ça devient l’obsession
Il y’a deux choix, c’est la lutte, ou la démission
Ceux qui ne lâchent pas, montrent leur opposition
Ont bien compris, ils ont opté pour la bonne solution
Cette impression de néant à l’intérieur de soi n’est que passagère, une sorte de transition
C’est le repos momentané du guerrier, en mode restauration
Celui qui a tout bravé, sans jamais choisir la capitulation
Celui qui a gagné de nombreux combats, qui se prépare à prendre de nouvelles résolutions
Celui qui nettoie son être de tout ce qui génère chez lui de la pollution
C’est état là, c’est la preuve qu’une nouvelle étape a été franchie, que l’individu concerné est toujours dans la sélection
Celle des battants honnêtes, loyaux et sincères, celle des êtres d’exceptions
Loic Otharan
05 Août 2022
