Ma petite fleur sauvage

Ma petite fleur sauvage

Depuis que je me suis mis à la randonnée
Que j’ai traversé de nombreuses campagnes
Je me suis aperçu à un moment donné
Que les fleurs sont partout, même en montagne

En fin d’hiver apparaissent les premières
Qui montrent que la belle saison arrive
Elles ne poussent pas dans des jardinières
Contrairement à leurs cousines passives

Il n’y a personne pour s’occuper d’elles
Elles poussent seules et sont autonomes
Par tout les temps ces charmantes demoiselles
Nous émerveillent, libèrent leurs arômes

Malheureusement, et à mon plus grand regret
Ces beautés sont souvent méprisées par l’homme
Qui, prétextant faire avancer le progrès
Ne craint pas de les recouvrir d’hématomes

La bêtise et la violence réunies
Exterminent, soi-disant pas dans le délit
Sans jamais être ni inquiétées, ni punies
Ces petites fleurs sauvages, si jolies

Sitôt nées, elles sont obligées de se battre
Contre ces hommes sans le moindre scrupule
Toujours en craignant de se faire abattre
Par ces vrais tordus que la haine stimule

Humiliées, piétinées, même empoisonnées
Elles, si belles, vivent toutes les horreurs
Sans aide, elles sont comme emprisonnées
Coincées, sans défense devant ces massacreurs

Ces gens qui passent de façon désinvolte
Voyant ces abus, sans lever le petit doigt
Avec leur comportement qui me révolte
Méritent autant d’être punis par la loi

J’aimerais tellement sauver toutes ces fleurs
Mais il n’y a qu’une place dans mon jardin
Ça n’empêche pas que je mettrai tout mon cœur
Pour essayer de faire punir ces gredins

À chaque fois, tout le long de mes balades
J’ai envie de cueillir des fleurs pour mon plaisir
Elles finiraient vite par tomber malade
Sans leurs racines, elles ne pourraient vieillir

J’en ai trouvé une, à mes yeux unique
Ces marques du passé, et ces cicatrices
Qui ont en moi créé un choc électrique
Cet amour qui m’envahit tel un délice

Quand m’est apparue son allure si fière
Malgré tout les coups qu’elle a pu recevoir
J’ai compris que c’était une vraie guerrière
Qui n’abandonne jamais, qui garde espoir

A son image je n’ai pas pu résister
Elle m’a choisi pour réunir nos destins
Alors j’ai pris la décision de l’empoter
En attendant de la mettre dans mon jardin

J’ai donc creusé, pour obtenir une motte
En prenant soin de lui laisser ces racines
Je ne veux surtout pas commettre de faute
Pour préserver ma si jolie clandestine

Elle s’est laissé cueillir et m’a fait confiance
Et a vite compris que j’étais différent
Je la remercie et j’estime ma chance
C’est moi qui la sauve, mais la joie elle me rend

Il n’y a pas de hasard, c’était le destin
Elle est faite pour mon jardin, c’est certain
Car même si je l’ai ramassé un peu loin
Ces origines et ma terre sont cousins

Il va me falloir du temps pour bien l’implanter
Qu’elle s’enracine dans la sérénité
Je la veux épanouie et en liberté
L’intégrer à ma vie sera une fierté

Ne m’en veuillez pas si je m’absente un peu
Que mes photos et mes textes soient moins nombreux
Vous, les gens que j’essayais de rendre heureux
Je dois d’abord guérir cette fleur, c’est mon vœux

Loïc Otharan
07 Juin 2021