Les courses

Faire les courses, une corvée pour moi
À peine entré dans le supermarché, je me demande pourquoi
Je suis là, mais c’est vrai, j’ai des enfants sous mon toit
Qui, si je ne ramène pas à manger, seront aux abois
Alors j’endosse le costume de mon nouvel emploi
Et comme mes collègues, je me glisse au milieu du convoi
De tout ces caddies et de ceux qui se les octroient
Dans cette jungle de produits, il n’y a qu’une loi
Celle du moi d’abord, celle du chacun pour soi
Je plains ceux à la caisse, qui exercent cet emploi
Qui attendent sagement derrière leur paroi
Que les clients sur le tapis, leurs marchandises envoient

Lorsque de côté glissent les portes de verre
Que j’entre dans ce magasin qui manque vraiment de vert
J’ai comme l’impression d’être dans une autre sphère
Où règne une étrange atmosphère
Ambiance aussi chaude que celle d’une glacière
Je n’ai qu’une envie, c’est repartir en arrière
Mais je n’ai pas le choix, il n’y a rien à faire
Je dois y aller, alors mon pas j’accélère
Tous là pour venir remplir la panière
Ne rien oublier, surtout pas le gruyère
Et pour oublier, n’oublions pas les bières
Vite se faufiler, passer devant tous, pour aller voir la caissière

Tous ces gens qui marchent lentement
Visage masqué, évidemment
Le regard vide, pas d’expression, aucunement
Tous aussi blasés que moi, certainement
On dirait un tas de zombies à moitié éteints, pour ne pas dire complètement
Qui entre les rayons errent, en regardant aveuglément
Les étiquettes, les prix, en se moquant éperdument
Du voisin qui attend derrière, ne disant rien, bien patiemment
Pour attirer l’attention, ne marche que l’agacement
Un fond sonore dans les oreilles vient nous rajouter tristement
Une couche de monotonie et amplifier ce sentiment
De solitude, d’ennui, il provoque chez moi un empressement
De fuir ces lieux pour retrouver bien vite mon logement

Quand je passe au milieu des étalages
Pour choisir mes produits, je trouve si dommage
Que dans ces magasins, il y ait un tel décalage
Entre cette boite nous recouvrant comme un emballage
Et la verdure, dehors, qui répare les dommages
Causés sur notre moral par cette impression d’être en cage
Nous devrions tous à la nature rendre hommage
Pour la remercier de sauvegarder une part de notre côté sauvage
Et plutôt que de la détruire en faisant un carnage
Nous devrions l’aimer, lui offrir des massages
Car la couleur qu’elle nous donne en dessous des nuages
Un jour pour l’avoir, ne pourrait nous rester que le coloriage

Bien sûr j’exagère, je noirci le tableau
Dans mon vin je dois mettre de l’eau
Il y’a encore des sourires, des gens qui sortent du lot
Tous ne sont pas au bout du rouleau
Certains à la sortie de leur boulot
Ôtent leur tenue de travail pour changer de maillot
Et comme de bons matelots
Ils prennent leur barque pour rejoindre les flots
De la foule qui va faire ses courses au sein de cet enclos
Il sont joyeux et ne jettent pas sur les autres de javelot
Ils savent bien que le bonheur, c’est regarder par le hublot
Provoquer de la bonne humeur, c’est bien plus rigolo

Les rayons d’un supermarché, ce n’est pas excitant
Ceux venant du soleil sont bien plus exaltant
Le manque de joie, de lumière, ça rend les gens distants
Il suffit de se dire, dans sa tête en chantant
Qu’on peut prendre du plaisir, rien qu’en acceptant
Qu’il est permis de sourire, voir même d’être content
Laisser passer quelqu’un, et savoir prendre le temps
D’échanger quelques mots, juste la pluie, le beau temps
Ne pas penser qu’à sa liste, ne pas vivre qu’en comptant
Ça rend la vie plus douce, ça embellit l’instant
Une attention, un sourire, c’est comme un désinfectant
Plutôt que de ruminer, mieux vaut rire en plaisantant

Loïc Otharan
22 Décembre 2021

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