Le remède

Passés ces jours de fêtes où tout le monde s’ankylose
En ce début d’année où l’ambiance est particulièrement morose
Le peuple n’en peut plus de ce virus, qui en est la principale cause
Et moi, comme beaucoup, j’en ai assez d’entendre parler de ces fichues doses
Avec tout ça , je sens qu’une bonne coupure s’impose
J’ai de la chance, car je me suis vu offrir un spectacle grandiose
Les montagnes sont les plus grandes des reines de l’hypnose
Dès qu’elles me voient, elle savent y faire, elle me métamorphosent

Des magasins, des masques, et des visages fermés
C’est ce que j’ai vu ce matin, je peux vous l’affirmer
Un monde qui rend fou, il y’a de quoi finir enfermé
Cette impression de devoir obéir aveuglement, pire qu’à l’armée
M’a donné l’envie de fuir, en moi une forte envie a germé
C’est de retrouver le grand calme, pour contre le stress m’armer
Plutôt que de rester là, entouré de ce monde, et de me renfermer
J’ai eu envie de m’isoler dans la nature, et de me laisser chloroformer

L’après-midi, j’ai atterri dans un bel endroit des Pyrénées
Je n’ai pas choisi, mais je n’ai rien fait pour freiner
Pour m’emmener marcher, pas besoin de me malmener
Je préfère l’air pur, que la ville où l’on vit surmené
Dès que j’ai vu la neige, mon appareil j’ai dégainé
Et devant ces grandeurs, mon énervement rengainé
Quoi de mieux pour être heureux que d’aller se promener
Plutôt que par la mauvaise humeur se laisser gangrener

En avançant au milieu de ces beautés froides, mon estomac s’est dénoué
La lumière du soleil est venue pour m’amadouer
Éclairant les sommets que je pouvais voir à travers les trouées
Les couleurs, les contrastes, c’est vrai m’ont beaucoup secoué
J’en ai même eu des larmes, je dois vous l’avouer
Ces images ont nettoyé mon cœur sur lequel est toujours tatoué
L’amour de ces massifs qui me laissent le bec cloué
Comme un enfant qui à Noël découvre ces nouveaux jouets

Une promenade enchantée au beau milieu d’une vallée
Des feuilles mortes, figées par la glace, le long de l’allée
Des forêts où l’on peut voir des cours d’eau dévaler
Des pics de glace, bijoux naturels, dont la brillance ne pourrait être égalée
Des sols moussus que la neige a en parti avalé
Pas de trace de vie mis à part au loin trois jolis petits chalets
J’ai même eu la chance de voir deux lagopèdes détaler
Cet après-midi, vraiment, je me suis régalé

Le matin, j’étais au bout du rouleau
J’aurais même préféré être au boulot
A la place des panneaux, j’aurais préféré des bouleaux
Ça commençait à cogner fort dans mon ciboulot
A force de ruminer et de laisser tourner le petit vélo
Je suis rentré et j’ai rafraîchi ma tête sous l’eau
Puis ma compagne m’a emmené boire des litres l’air pur au goulot
Merci à elle pour cette ivresse, je vais finir soûlaud

Loïc Otharan
15 Janvier 2022