Le privilège

Huit novembre 2023, c’était un mercredi
Je quitte mon village, direction Normandie
Quelques jours de vacances, un séjour inédit
Je rejoins ma grand-mère, comme on se l’était dit

Séjour en tête à tête, pour la première fois
Face à cette requête, j’ai ressenti sa joie
L’avoir pour moi tout seul, m’a plongé dans l’émoi
Explorer la Bretagne, nous irons elle et moi

Arrivé à bon port, et il fait déjà nuit
Je préviens ma famille, et mes souliers j’essuie
Mamie m’ouvre la porte, sa bonne humeur la suit
Ensuite chez le Tonton, retour
avant minuit

C’est jeudi neuf novembre, le réveil a sonné
Il va falloir y aller, à un moment donné
La pluie de la partie, ça m’aurait étonné
Arrive le Morbihan, zone que je ne connais

C’est la pause déjeuner, sur l’aire de Broceliande
Un endroit qui m’inspire, le nom d’une légende
La pluie s’est arrêtée, et les nuages attendent
Les rayons du soleil, de la lumière répandent

Nous reprenons la route, en direction d’Arzon
Le jour touche à sa fin, se pointent à l’horizon
Notre gîte et le port, le bourg en liaison
Ce lieu est bien plaisant, Mamie avait raison

Loué sur plate-forme, cette petite maison
Honore et accrédite, les belles comparaisons
Un cadre chaleureux, qui même en hors-saison
Déclenche notre joie, bonheur en floraison

Nous voici installés, la soirée se consume
Dans la petite cuisine, l’air ambiant se parfume
Mamie est au fourneau, à la fenêtre je fume
Un petit apéro, pour éviter le rhume

La nuit a été bonne, les chambres sont douillettes
Un petit déj’ copieux, à la fenêtre une mouette
Sur une cheminée, on croirait qu’elle nous guette
Nous voilà bientôt prêts, la journée s’annonce chouette

Pour la première sortie, nous avons choisi Vannes
Beau temps de la partie, le soleil ouvre les vannes
De magnifiques voiliers, sur l’eau qui se pavanent
Discothèque et alcool, j’rigole, c’était une vanne

Après un bon resto, promenade sur le port
Les mâts sont alignés, revenus au rapport
Les voiles sont pliées, restées sur leur support
Je rêve d’utiliser, ce moyen de transport

Pour finir la journée, toujours au bord de l’eau
Nous n’allons pas très loin, nous choisissons Conleau
Sur la jolie presqu’île, presque un petit îlot
Le soleil qui se couche, nous offre un beau tableau

Pour la seconde journée, ça commence à Carnac
Des menhirs et dolmens, ce n’est pas une arnaque
Peut-être que pour certains, c’est juste du bric-à-brac
Peut-être que quelques-uns, y vivent des flash-back

Une fois fait le tour, de ce beau lieu mystique
C’est Trinité sur Mer, un autre port typique
Village d’Alain Barrière, chanteur qui fût mythique
Il fait toujours beau temps, le froid du vent nous pique

Sortis du restaurant, tombent les premières gouttes
Devons-nous continuer, biensûr y’a pas de doute
Falaise à Ederven, après un peu de route
Port-Louis pour finir, les kilomètres s’ajoutent

Une nouvelle soirée, passée en tête à tête
Des heures de discussion, échanges et non enquête
Partages ou film d’action, jamais on ne s’embête
Tant de choses à se dire, pourtant pas pipelettes

Voici le troisième jour, en avant pour Lorient
Sur le port devant nous, se disputent en riant
Les mouettes facétieuses, qui s’échappent en criant
Les immeubles se reflètent, sur le plan d’eau brillant

Plus loin de gros bateaux, imposants bâtiments
A deux pas de la terre, attendent les régiments
Où sont les militaires, dans quel compartiment
Iront-ils faire la guerre, à quand le dépliement

Pause déjeuner passée, encore une autre escale
La belle ville d’Auray, nos yeux qui se régalent
Charmant port de plaisance, ambiance dominicale
Voiliers sur fond d’automne, ces couleurs, un régal

Nous y voilà déjà, dernière soirée au gîte
Le séjour qui prend fin, bon sang que ça passe vite
Assise sur le canap’, Mamie semble en orbite
Elle fixe la carte du monde, mais quelles pensées l’habitent

Cette fois c’est terminé, il va falloir y aller
Ce matin rangement, faut passer le balai
Logement nettoyé, bagages remballés
Un dernier au-revoir, derniers pas sur l’allée

Ce soir nous devrons être, chez Mamie de retour
Dîner chez le Tonton, faut pas être à la bourre
Tata va cuisiner, toujours avec amour
Mais avant de rentrer, nous ferons un détour

Pour rejoindre Alençon, faudrait passer par Rennes
Changement de direction, les bornes ne nous freinent
Ce sera Saint-Malo, l’enthousiasme nous entraîne
L’envie de découvrir, tout deux qui nous gangrène

Un dernier restaurant, la ville d’Ile et Vilaine
Pour moi première du rang, très loin d’être vilaine
Marche sur les remparts, au large point de baleine
Mais de bons souvenirs, notre armoire en est pleine

La Manche est magnifique, Bretagne ou Côte Normande
Des lieux qui me fascinent, et que je recommande
S’il n’y avait pas eu, l’invasion Allemande
Comment serais-je venu, en moi je me demande

Nous aurons été gâtés, durant ces courtes vacances
Tout fut beau et joyeux, nous aurons eu de la chance
Des petits coins charmants, aux étendues immenses
Tout était beau à voir, que de réjouissances

Dans le rétroviseur, la ville portuaire
Disparait peu à peu, nous la laissons derrière
Encore un long trajet, au loin un sanctuaire
Magique Mont Saint Michel, silhouette familière

Pas d’arrêt cette fois, le temps s’est écoulé
La maison encore loin, il va falloir rouler
Je n’le sais pas encore, mais ces maudits poulets
M’ont flashé en cachette, quelle bande de boulets

Les kilomètres s’enchaînent, les bords de route défilent
A l’image de nos vies, et de ce temps qui file
Cette parenthèse volée, à nos vies qui s’effilent
A tout jamais gravée, comme mon Tonton Phil

Il fait déjà nuit noire, dans le ciel les étoiles
Nous guident et nous éclairent, le vent souffle dans nos voiles
En passant à Couptrain, Mamie qui me dévoile
Papi vivait ici, et d’un coup j’ai les poils

Après un bon dîner, chez mon oncle et ma tante
C’est retour chez Mamie, un moment de détente
Nous voudrions retenir, les minutes restantes
Le séjour est fini, je sais qu’elle est contente

Mardi quatorze novembre, retour vers ma demeure
Rejoindre mon Pays-Basque, ça me prend quelques heures
Sur le trajet je pense, ce séjour bienfaiteur
Qui restera gravé, tout au fond de mon cœur

Le temps est passé vite, mais il fut tellement dense
J’ai tellement apprécié, les bruits et les silences
Les joies, les découvertes, toutes ces belles séquences
Sur un fond de Bretagne, Mamie au cœur immense

Ça fait déjà trois mois, ça paraît tellement loin
Cette parenthèse de vie, je ne l’oublierai point
Pour toi ma chère Mamie, à jamais ce recoin
Dans mon cœur, juste pour toi, souvenirs pour témoins

Je voudrais résumer, pour finir ce poème
En te disant Mamie, que cette vie de bohème
Fut courte mais enrichissante, j’ai compris ton système
Tu es si merveilleuse, à tout jamais je t’aime

Loïc Otharan
22 Février 2024

À ma chère Mamie, Anne-Marie Vasnier ❤️

Le soleil apparaît enfin lors de notre pause déjeuner, sur l’aire de repos de Broceliande