Je crois en toi

Mais où as-tu donc acheté cette plante
Ah oui, c’est sûr , au début, elle avait belle allure, elle était élégante
Mais maintenant, on dirait carrément qu’un fantôme la hante
Le pire, c’est qu’on ne peut pas la toucher, elle est devenue piquante
Non mais, vraiment, la vendeuse devait être drôlement contente
D’avoir trouver un pigeon pour acheter cette plante insignifiante
Elle devait se douter que les feuilles deviendraient puantes
Qu’à ces pieds, ta nappe serait toute dégoulinante

Tu ferais mieux de la renvoyer d’où elle vient, là où tu l’as achetée
Accompagnée d’une lettre en recommandé, pour obliger la vendeuse à la décacheter
Elle n’aura pas le droit de la recacheter
Ou mieux encore, vas donc directement au magasin, si c’est fermé, force la serrure, tu n’as qu’à la crocheter
Montre donc cette plante au feuillage à présent tacheté
Qui a laissé ta si belle nappe mouchetée
Dis lui que du tissage de ces arnaques, les points, elle peut les décrocheter
Si elle se fâche, ôte le bouchon de ton fleuret, n’hésite pas à le démoucheter

Comment ça, tu ne veux pas, mais tu ne te rends pas compte
Tu as vu ce qu’elle te coûte, elle va faire fondre tes comptes
Les tâches sur ta nappe ne sont que le début de tes ennuis, ce n’est qu’un acompte
Si tu la gardes, tu cours à ta perte, des problèmes gros comme un mastodonte
Cette plante deviendra encore plus répugnante et énorme, je vois déjà que les tiges montent
Je suis sûr qu’elle attire même les insectes les plus nuisibles, qu’ils viendront y faire leur ponte
Allons, cesse donc de rêver, ne te raconte pas de conte
Jette moi ça, tu t’es fait avoir, il n’y a pas de honte

Mais que tu es têtu, ne vois-tu pas qu’il n’y a aucun espoir
Que cette plante est une mauvaise herbe, tu aurais dû le voir dès le premier soir
Je te le répète, arrête de te raconter des histoires
La vendeuse a juste trouvé une bonne poire
A présent, tu devrais quand même t’apercevoir
Qu’il est grand temps de laisser ce tas d’immondices, qu’il faut le laisser choir
Tout l’engrais que tu lui donnes, l’eau que tu lui offres à coup d’arrosoir
Ça serait plus utile si tu les versais dans un urinoir

Chut, arrête , je te demande de te taire, je désire le silence
Laisse moi faire, si tu me connais, tu devrais savoir qu’on peut me faire confiance
Cette plante n’a tout simplement jamais eu de chance
Il n’y a qu’à moi qu’elle a osé lâcher quelques confidences
Et tes commentaires négatifs ne sont pour elle que des offenses
Qui ne font que retarder son évolution, elle va fleurir, quoique tu en penses
Elle est tellement abîmée que personne n’imagine son potentiel, à part moi, je pense
Elle a juste besoin de temps et d’amour, et moi je le lui donne, toutes ces blessures je panse

Je sais qu’à première vue, les apparences sont contre elles
Qu’elle semble irrécupérable, et bonne pour la poubelle
Mais j’ai fait mes recherches sur cette demoiselle
Je sais qu’elle a de nombreuses vertus bénéfiques, et comme l’hirondelle
Qui pour trouver le soleil, va loin à tire d’aile
Elle n’abandonne jamais, et même sous la grêle
Elle patiente sous les coups, faisant confiance au ciel
Elle est malade et fragile, mais au fond, exceptionnelle

Le temps s’est écoulé, et j’ai persévéré
Elle s’est laisser couler, prête à se faire achever
Certains sous cape riaient, voulaient la voir crever
Des ondes négatives, pour ces dernières forces lui enlever
On a douté de moi, mais il s’est avéré
Que l’amour a payer, qu’elle a fini par se relever
On ne croyait pas en elle, mais à force de fortifiants, ce poids en elle, elle l’a soulevé
Elle l’a jeté au loin, comme quoi, on peut rêver

Lorsque je l’ai connue, j’ai senti son arôme
Il m’a tout de suite plu, a fait vibrer mon corps d’homme
Mais j’ai très vite vu que d’elle même, elle n’était qu’un fantôme
Dehors elle semblait fraîche, dedans remplie d’hématomes
J’ai mis du temps à comprendre, le pourquoi, les symptômes
J’ai mis toute mon énergie pour ne pas qu’elle s’asphyxie, jamais je n’ai été économe
J’ai fait de mon mieux pour tout défricher, faire sortir des ronces son royaume
Je crois pouvoir dire que l’histoire ne fait que commencer, mais que c’est bien la fin du premier tome

Beaucoup n’ont pas compris mon amour pour cette plante si étrange
Certains ont peur pour moi, mais n’osent le dire, même si ça les démange
Ils pensent qu’elle se sert de moi, que dans sa main je mange
Ils voudraient que je m’en débarrasse, qu’elle retourne dans sa grange
Que je porte réclamation, contre une autre je l’échange
Mais ils ne connaissent pas le vrai regard, ils n’ont vu que la frange
Un jour, ils verront bien que nous faisons un beau mélange
Ils pourront constater qu’elle n’est pas un démon, mais un ange

Un jour où j’étais seul, en train de faire une pause
Au milieu des broussailles, j’ai trouvé cette chose
Dès le premier contact, l’évidence , l’osmose
Son mal-être et le mien m’ont fait créer poèmes et proses
Abîmée, ravagée, elle attendait la métamorphose
Peu de gens y croyaient, pourtant les fleurs éclosent
Et parmi ces beautés, arrive la plus belle des roses
Ma plante qui renaît, à ces pieds gisent les envahissantes, un moment si grandiose

Il y’a des gens qui débarquent dans nos vies avec de lourds bagages
Un passé si chargé, qu’on parle de sabotage
Une histoire incroyable, qui pousse au dérapage
Beaucoup n’y crois même pas, lorsque l’on fait le sondage
Ils se disent quel mytho, et ils pensent tous dégage
Mais quand on vit avec, que l’on comprend le langage
On voit que tout est vrai, que ça n’est pas un montage
Que tout est réparable, qu’il n’y a que des blocages

Quand on est au bout du rouleau, constamment sous tension
Que notre paix et notre bonheur sont écartés de nous, retenus loin, en détention
Que l’on a plus la moindre estime de soi, plus la moindre prétention
Que l’on n’est plus capable de se livrer, à force de rétention
L’accablement ne fait que provoquer l’effondrement, des souffrances , c’est l’extension
Ce qui permet d’avancer, de s’en sortir, de la guérison l’obtention
C’est de se sentir soutenu, estimé, de sentir de bonnes intentions
Rien n’est plus réparateur que l’amour, tout ce qu’il faut, c’est un peu d’attention

Loïc Otharan
12 Juin 2022