( Poème écrit le jour où nous avons appris qu’un de mes oncles nous quitterait dans les jours qui suivraient, suite à des années de lutte acharnée contre le cancer )

Fin du combat

Cette fois, ça y est, le verdict est tombé
Le méchant a gagné, il a le torse bombé
Malheur au pauvre responsable qui se verra incomber
Le devoir d’annoncer la sentence à celui qui va succomber
Le public, lui, a le moral plombé
Leur favori a perdu, lui qui jusqu’ici les attaques avait surplombé
L’issue du combat est injuste, tout les espoirs ont fini par retomber

Quatre ans déjà que la guerre a commencé
Le fourbe assaillant dans l’arène s’est élancé
Sans avoir été prévenu, son adversaire n’a eu d’autre choix que de se mettre à danser
Des luttes difficiles, il en est toujours sorti vainqueur, quelle manière injuste de le récompenser
Il ne mérite vraiment pas ça, il a de quoi se sentir offensé
Cette soudaine invitation à la guerre, il aurait bien voulu en être dispensé
Mais il n’est pas du genre à baisser les bras, et il fera tout pour avancer

D’entrée, les coups fusent de tout les côtés
Les proches, ceux qui comptent, n’ont pas eu le droit de voter
Le droit de choisir le gagnant leur a été ôter
Ils sont venus s’assoir dans les tribunes, sans pouvoir s’empêcher de sangloter
L’air arrogant, le Mal tourne autour de sa proie, se met à siffloter
La recette, il la connaît, bien longtemps que sa potion est en train de mijoter
Sa technique pour gagner, user son adversaire, peu à peu le grignoter

Quatre ans que l’être morbide, rempli de noirceur
A lancé l’attaque contre ce grand gaillard, notre homme au grand cœur
Ce qui sont venus assister à la bataille , amis, famille, mère, frères et sœur
Font tous le même vœux, ils veulent le même vainqueur
Ils ne sont pas impartiaux, car l’attaqué est un des leurs
Ils ne peuvent se résoudre à le laisser seul dans la douleur
Lorsqu’ils voient l’être aimé continuer à sourire, dans ces yeux toujours cette belle lueur
Lui qui a toujours vécu à cent à l’heure
Ce n’est pas possible, cette mauvaise nouvelle ne peut être qu’un leurre

L’être malintentionné a l’habitude des affrontements
Jamais à un adversaire il ne demande son consentement
Il ne prévient pas, n’agit pas honnêtement
Sans scrupule, il choisit ces proies, souvent injustement
L’impact sur leur entourage, il s’en moque complètement
Cette chose si lugubre est de tous connue funestement
Son arrivée se fait toujours très discrètement
L’agressé remarque d’abord sa présence par des picotements
Ou une douleur qui apparaît comme par enchantement
Si le Mal est démasqué à temps, la solution, c’est de l’étouffer directement
Ne jamais attendre, il faut le contrer immédiatement
Le temps joue en sa faveur, comment l’utiliser, il le sait exactement
C’est d’ailleurs pourquoi on ne le voit pas arriver, il agit toujours hypocritement
Son plus grand plaisir, c’est de prendre son temps, sa stratégie, c’est d’avancer lentement

Lorsqu’on lui a annoncé la nouvelle, notre victime a retroussé ses manches
Pris d’assaut par derrière, l’attaque n’était pas franche
L’ennemi s’est invité, sans montrer patte blanche
D’un coup a débarqué, voulant le découper en tranches
Les débarquements, notre assailli connaît, lui qui est né non loin d’Arromanches
La guerre, il n’aime pas ça, la souffrance des autres, il n’y est pas étanche

Le Mal a vite compris qu’il n’avait pas à faire à une vieille branche
Il est coriace celui-ci, je ne le vaincrai pas en une manche
Pas de problème , j’appelle mes alliés, tout les coups bas j’enclenche
Mais notre favori ne veut pas finir entre quatre planches
Notre grand guerrier sait se défendre, il a toujours pris sa revanche
Le Mal est sans pitié, les coups tombent en avalanches

Quatre ans que la lutte est engagée, pour une issue incertaine
Notre grand guerrier, par sa bravoure, est devenu héros, sa popularité est certaine
Son entourage espère, sa femme l’encourage jusqu’à perdre haleine
Ce combat, c’est aussi celui de l’amour contre la haine
Un être de lumière face à une chose malsaine
Un père de famille face à une bête ignoble et vilaine
Un homme aux grandes valeurs face à une créature inhumaine
C’est le marteau piqueur qui percute une vie en porcelaine
Un seul impact a suffi à enclencher la gangrène
Faire souffrir l’adversaire, le torturer, c’est son domaine
Mais notre héros n’a jamais abandonné, c’est du sang de téméraire qui coule dans ces veines

Le grand guerrier n’est pas un lâche
Il a encaissé à chaque fois, s’est défendu sans relâche
Il a subit tellement de coups de cravache
Les a survolé sans fumer de hash
Jusqu’à ce que le Mal et ses alliés ne se fâchent
Qu’en un instant, d’un coup de hache
Ils le traversent, et c’est le crash
Retour direct sur le plancher des vaches
Soudain, le sol se couvre d’une tache
Le corps du grand guerrier, du sang recrache
Dans le public, il y’a comme un flash
La foudre a frappé, le héros paie cash
Il a perdu, mais ne se cache
L’amour des siens, il s’y attache
La peur de la fin, il s’en détache
Il se sait fini, mais salut ces fidèles avec panache
Il aura la classe jusqu’au bout, que le Mal le sache

La bête noire a gagné à force d’user de faux-semblants
Toutes les fourberies ont servi, jusqu’à s’habiller en blanc
L’illusion d’un empathe qui pardonne, il faut dire que c’était ressemblant
La bête a vaincu, mais elle a triché, d’autres êtres malveillants l’ont aidé en s’assemblant
Le grand héros est tombé, plus question de faire semblant
Tout ceux qui tiennent à lui s’approchent en tremblant
Tous unis pour l’aider à garder sa sérénité, leur amour en le rassemblant

Dans l’arène, un souffle chaud court sur le sable, et sur le grand guerrier glisse
La nature frémit, pour lui se termine le supplice
Jusqu’à la lie, il aura bu le calice
Le public est à son chevet, il est passé de l’autre côté de la lice
Pour digérer tout ça, il faudra plus que de la mélisse
Le héros les regarde, et puis ces yeux se plissent
Il est déjà en train de rejoindre les coulisses
Un nuage blanc l’enveloppe, un véritable délice
Et venu de nulle part, vêtu d’une pelisse
Son père qui apparaît, rassurant, réconfortant, son sourire empreint de malice
Tout les gens du passé l’accompagnent en complice
Laissant son corps au sol, l’âme de notre cher héros monte sans hélice

Le public n’oubliera pas ce combattant mémorable
Son corps est battu, mais il a prouvé qu’il était admirable
Même dans la souffrance, il est toujours resté adorable
Il mérite le respect, il a toujours agit de façon honorable
Les gens, devant ce corps inerte, se sentent misérables
Pourtant il savent bien que lorsqu’une maladie est incurable
Que la douleur n’est plus endurable
Que le corps est irréparable
Même si cette idée leur semble intolérable
La fin de la vie est préférable

Il y’a des moments où la vie nous paraît ingérable
Il y’a des moments où l’air nous semble irrespirable
Et bien que parfois certains vivent dans des conditions déplorables
Nous aimerions tous que la vie sur Terre soit éternellement durable
Nous nous voudrions tous invulnérables
Nous nous voudrions tous inséparables
Et pourtant, la mort est pour chacun de nous inexorable

Ce qui se passe au moment du décès est indéchiffrable
Les voies de l’au delà sont impénétrables
Ce qui me rassure, c’est que si notre corps est évaporable
Notre vie continue, même si elle n’est pas comparable
Il suffit d’être attentif à tout les signes, les preuves sont innombrables
Observer et croire, c’est améliorer la qualité de sa vie de manière considérable
Bien se comporter, c’est se préparer un avenir favorable

Loïc Otharan
09 Mai 2022