Droit devant !

Trois, deux, un, Go ! C’est reparti !
Après des mois de lutte, à deux doigts d’abandonner la partie
Après ma chute de cheval qui m’a laissé sans répartie
Je devais vite me relever, pour ne pas perdre, j’avais un temps imparti
Aujourd’hui, c’est chose faite, je repars au triple galop, de mes parasites me voilà départi
Je reprend les rênes, et je fonce droit devant, la rage de vaincre sans contrepartie

Au volant de mon bolide, c’est bien moi le pilote
Sur ce chemin sinueux entravé de broussailles denses qui me ligotent
Chemin jonché de pièges, pas question de faire ma tête de linotte
La puissance de mon moteur ne me servait à rien, il fallait d’abord trouver l’antidote
Pour contourner les obstacles, éliminer le stress et l’anxiété qui mijotent
Il a fallu beaucoup rétrograder, mais enfin j’accélère et je fonce, j’entend à nouveau mon moteur qui sifflote

Dans mon casque, j’ai trop dépendu de cette oreillette
Celle dont j’attendais l’approbation, la confiance en moi trop douillette
Maintenant que tout les liens qui me retenaient ont été coupés puis jetés aux oubliettes
Je suis enfin seul maitre de décider de ce qui composera mon assiette
Je n’ai plus peur de prendre des risques, tant pis pour ceux qui s’en inquiètent
Si je me trompe, j’assumerai seul, je n’ai pas peur de ne devoir manger que des miettes

Cette course a demarré il y a longtemps, j’ai déjà cru en être le vainqueur
Mais une série inattendue de virages serrés, bordés de ravins, m’ont fait commettre quelques erreurs
J’ai frôlé les précipices à toute vitesse, avec beaucoup de frayeurs
J’ai failli me griller en roulant trop vite, en surrégime, à plus de cent à l’heure
J’ai cru m’être perdu, éloigné à tout jamais du chemin qui mène au bonheur
Traversée longue et obscure, je n’ai pas ménagé ma monture, ni mon moteur

Malgré quelques éclaircies, le plus gros du trajet fut accompagné de noirceurs et de grisailles
Qui me suivaient partout, me collaient où que j’aille
Les moments de répis : les montagnes, les sommets, nos retrouvailles
Puis le temps s’est gâté, le brouillard m’a fait percuter de plein fouet une muraille
L’instant fut bref, pas eu le temps d’observer ni d’analyser les détails
C’est comme si je changeais de dimension, comme si je franchissais un invisible portail

Aujourd’hui, le soleil se lève, et je regarde derrière
Les cartes sont redistribuées, le jeu n’est plus celui d’hier
La détermination a remplacé toutes les rages et les colères
Pour me détruire, mon ennemi a mis le feu aux poudrières
Il ne savait pas qu’en me piquant, il activerait ma folie meurtrière
Qui stimulerait mon envie d’exterminer sans pitié toutes mes galères

Libéré des boulets qu’il trainait, mon bolide reprend de la vitesse
Soulagé d’un poids dont il n’avait jamais su se défaire, il brûle les feux avec impolitesse
Il passe comme un fou, sans la saluer, devant son altesse
Ne voulant plus perdre de temps à lutter contre celle-ci, et de son esprit l’étroitesse
Terminer les courbettes et la soumission, plus le temps pour les fausses politesses
Tout ce qui compte, c’est de foncer droit devant, en négociant chaque virage avec délicatesse

Hier, comme un symbole, j’ai allumé ma dernière cigarette, du moins, je l’espère
Elle, que j’ai déjà vaincu à deux reprises, mais qui jamais ne lache ni ne désespère
M’a repris par surprise il y a deux mois, je me suis lâchement laissé faire
Mais je l’avais prevenue, de nous deux, c’est bien moi qui remporterai cette guerre
Très courte chez moi aura été sa nouvelle vie de locataire
Car j’ai décidé de la chasser à jamais, et mes envies d’elles, les faire taire

C’est une nouvelle dimension qui s’offre à moi, où tout est plus léger, où j’ose
Il y aura encore des obstacles, ils voudront toujours nous injecter leurs fichues doses
Les conseils donnés sous forme de menaces ne m’impressionnent plus, j’en ai fait l’overdose
Dorénavant pour faire la course, c’est moi qui choisi le circuit, personne ne me l’impose
Je ne laisserai plus mon moteur vivre sous pression, à tout garder jusqu’à ce qu’il n’implose
D’accord c’est toujours la vie qui propose, mais à partir de maintenant, c’est moi seul qui dispose

Loïc Otharan
05 Février 2023