Dépendants

Regardons tous où nous en sommes
À quel stade en est arrivé l’homme
Jusqu’où ira-t-il pour assoir son royaume
Depuis le jour où il a croqué la pomme
Il ne cesse d’évoluer, au détriment des autres espèces qu’il gomme
De nos jours, tout est fait pour conditionner les mômes
A consommer sans cesse, tout en devenant des fantômes
Assistés par de multiples nouvelles technologies, ils se prennent pour des surhommes
En oubliant leurs lointaines origines, en oubliant d’être des gentilshommes
Plus les générations passent, plus les individus papillonnent
Beaucoup se sentent au-dessus du lot, de par leurs diplômes
Leur situation aisée ne les empêche pas d’être économe
Lorsqu’il s’agit d’aider ceux qui n’ont même pas les moyens de s’offrir un toit de chaume
L’humanité est couverte d’hématomes
On remplace notre instinct animal par du confort, exactement comme si on embaume
Le cadavre de notre indépendance, en la remplissant de robots, en nous privant de l’envie d’être autonome
La planète se meure, il n’y a qu’à observer les symptômes
Depuis longtemps, des tas de signaux nous alertent, annonçant l’imminente fin d’un cycle, tout comme
Les feuilles qui tombent en automne, ou le gourmand qui reçoit la note de son repas, dans un restaurant gastronome
Nous sommes au bord du gouffre, pas loin de tout perdre en somme

Autrefois, la solidarité était de mise
Les gens ne craignaient pas de mouiller la chemise
S’aider au quotidien était leur principale devise
Et même si les rois avaient sur le peuple une énorme emprise
Nous étions loin des pratiques actuelles, qui notre planète épuisent
Il n’y avait pas toutes ces machines qui incitent à la fainéantise
Pas non plus toutes ces émissions qui bourrent nos crânes de sottises
A présent, nous avons toujours besoin de posséder tout un tas de marchandises
Les nouveaux métiers privilégient la position assise
Les machines font le travail, effacent l’entraide, et les groupes se divisent
Les petits commerces sont remplacés par d’innombrables grosses franchises
Les petits dévorés par des gros qui les méprisent
Les écrans pour combler les temps morts, qui l’ennui le déguisent
Le numérique qui envahit tout et qui symbolise
La fin d’une époque, la fin de la débrouillardise
Nous avons perdu le contrôle, nous sommes noyés dans notre bêtise
Bien que ça me fasse très peur, que ça soit une hantise
Je crois bien que nous soyons obligés de passer par une énorme crise
Pour que nous changions notre mode de vie, pour que la planète se sente enfin comprise

Autrefois, l’union faisait la force
Mais depuis un bon moment, le pognon fait l’entorse
Au règlement défini par Dame Nature, avec qui notre civilisation vit un divorce
L’humain a réussi un véritable tour de force
Celui de s’auto-convaincre que la surconsommation est vitale, et qui pourtant le déclin amorce
De nombreux vendeurs peuvent bomber le torse
Ils se gavent de bonnes choses, comme des cochons Corses
En vendant des choses non essentielles à ceux qui parfois ne mangent que de l’écorce
Certains ne comprendront jamais, qu’on leur explique en français, en anglais ou en morse

Désormais, nous sommes nombreux à vivre dans la dépendance
Une addiction à l’argent, en espérant vivre dans l’abondance
Le confort avant tout, et aussi les apparences
Faire miroiter sa pseudo réussite en public, quitte à infliger à son corps des carences
Les enfants sans jouet, une véritable offense
A l’image de la famille modèle que l’on nous montre en France
Si le cours de la monnaie s’effondre, que le monde des finances
S’écroule tout d’un coup, nos économies prendront de la distance
Loin de nous elles iront, nous n’aurons plus qu’à garder le silence
Ça en arrangera d’autres, qui pourront se remplir la panse
Nous, habitués à utiliser l’eau courante et le courant depuis notre plus tendre enfance
Qui pour le moindre geste de la vie, dépendons des énergies gérées par de grandes puissances
Si on nous privait de tout, nous serions confrontés à notre impuissance
Livrés à nous-mêmes, sans aucun moyen d’utiliser nos appareils, nous serions dans l’ignorance
Éclairés par la chandelle, nous pleurerions notre manque de connaissances
Notre façon de vivre est incompatible avec un monde sans assistance

De nos jours, on étouffe et on crache sur le monde rural
Si ça continue, il n’y aura plus de terre agricole sur le plan cadastral
Quelques petits paysans montent pour protester dans les rues, râlent
Mais notre pays se moque de ce milieu qui souffre, qui va bientôt pousser son dernier râle
Qui pourtant est la base pour nourrir la population, comme pour nous la colonne vertébrale
On nous rend accroc à la mal-bouffe, grâce aux mimiques théâtrales
De célébrités qui vendent leur image à des fabricants sans morale
Ceux qui respectent les saisons, les plantes, les animaux, le vivant en général
Subissent aussi ces aberrations, impactés par la spirale
Dans laquelle nous entraînent les politiciens et leurs conneries magistrales
Ça ne tourne pas rond, les incohérences sont virales
Rien d’étonnant, lorsqu’on est gouverné par des gens qui devraient être placés en milieu carcéral

Pendant que Mamie prend la pâtée et sert Minet
Des fous au pouvoir sont plus que déterminés
L’essentiel pour eux, c’est gagner, c’est dominer
Un doigt sur le bouton, et pour nous c’est terminé
Ceux qui veulent la paix sont traités d’illuminés
L’homme a évolué, c’est pour mieux s’exterminer
La Terre n’en peut plus, comme un corps contaminé
Par des microbes humains qui risquent de l’éliminer
Si sa durée de vie reste encore indéterminée
Pour sauver notre espèce, on enverra nos enfants dans l’espace se disséminer
Ils pourront nous en vouloir, nos âmes les incriminer
Nous n’avions qu’à agir, au lieu de nous laisser laminer
Si nous voulons que tout rentre dans l’ordre, sur la logique de la vie culminer
Changeons nos habitudes, cherchons de vrais solutions, n’ayons pas peur de les examiner
Respectons le vivant, aimons nous, et cessons de ruminer

Loïc Otharan
06 Mars 2022