Chut

Chut

-Écoute, tu l’entends, ce silence ?
-N’importe quoi, ce que tu dis n’a pas de sens !
-Mais si, ne sens tu pas toutes ces présences ?
-Ça suffit, arrête ! Je vais finir par perdre patience !
-C’est regrettable , dommage que tu ne veuilles pas admettre l’évidence
Qu’importe, que tu n’y crois pas n’a pour moi aucune importance

Si tu ne l’entends pas, le silence de la nature
C’est parce que tu es sourd, que de l’oreille tu es dur
C’est aussi parce que ton esprit manque d’ouverture
C’est parce que depuis longtemps, notre civilisation pratique la censure
Qu’elle privilégie les produits chimiques qui rapportent pour guérir les blessures
Que ce qui était autrefois essentiel a depuis longtemps disparu de notre culture

La nature, les arbres, les plantes, tout est silencieux, et pourtant
Si tu restes attentif, si tu t’arrêtes suffisamment longtemps
Tu entendras un murmure, celui qui n’a jamais cessé, depuis la nuit des temps
La nature ne parle pas, mais elle apporte tant
Constituée d’une multitude de petits et grands habitants
Tous ont à t’enseigner, ce sont de vrais battants

Lorsque l’hiver arrive, que les feuilles sont à terre
Les arbres dénudés, dans leur longue vie sédentaire
Ne cessent de lutter, ne lâchent pas l’affaire
Qu’ils soient dans la forêt, qu’ils vivent en solitaire
Ils voient le temps passer, menant une vie austère
Ils ne se plaignent jamais, leur force, c’est de se taire

La végétation est pour nous tous un modèle
Peut importe les événements, à ces valeurs, elle reste fidèle
Elle ne renonce jamais, elle est persévérante et sûre d’elle
La nature peut nous transporter, plus loin que n’irait l’hirondelle
Même si elle semble figée, même si elle n’a pas d’aile
Prendre le temps de s’imprégner de son atmosphère, le jeu en vaut la chandelle

Dans la mauvaise saison, par météo sévère
Les arbres et plantes souffrent, parfois vivent le calvaire
Elles endurent en silence, en attendant les primevères
Une ambiance de tristesse règne quand vient l’hiver
Elles pourraient tout lâcher, quand tout va de travers
Pourtant chaque printemps, toujours revient le vert

La lâcheté, l’arrogance, le manque de courage, Dame Nature n’aime pas, on peut dire que ça la rebute
On pourra la faire tomber, elle se relèvera toujours sans craindre la rechute
Alors, lorsque que toi aussi tu te fais entraîner vers une grosse chute
File vite la rencontrer, pose toi, elle te dira Chut
Tu n’es pas là pour parler, je ne veux pas que l’on discute
Écoute mon silence, il te servira de parachute

Dame Nature, reine du silence, et pourtant tellement plus bavarde qu’un mur
Toujours là pour nous tous, à nous souffler sa sagesse dans un murmure
Respirer son essence, admirer toutes ces ramures
C’est s’offrir une protection, la meilleure de toutes les armures
C’est conserver un corps plus sain, mieux que les aliments plongés dans la saumure
Lorsque notre civilisation aura compris cela, nous pourront dire qu’elle sera mûre

Loïc Otharan
11 Décembre 2022