Belles demoiselles

Belles demoiselles

Mon Dieu, mais qu’elle est belle
Si seulement j’avais la chance de plaire à cette jolie demoiselle
Ce physique si attirant, elle pourrait vraiment être top modèle
Jamais de ma vie je n’aurais le droit d’être accompagné d’une aussi belle femelle

Quel homme n’a jamais pensé ça, quoi de plus naturel
Quel homme n’a jamais frémi, en voyant un joli corps enveloppé de dentelle
Qui donc, mis à part les homosexuels
Il n’y a pas de honte, c’est le lot de tout les mortels

Il est tellement facile de tomber sous le charme d’un corps à la beauté charnelle
De se laisser aveugler par ce qui est artificiel
Malheureusement, beaucoup ne pensent qu’à satisfaire leur appétit sexuel
Ils ne voient la femme que comme un corps qu’ils voudraient emmener à l’hôtel

C’est tellement rabaissant pour la femme de n’être vue que comme un objet, un simple corps sans cervelle
Comme un jouet que l’on utilise, puis que l’on délaisse, pour le jeter à la poubelle
Il y’a tant d’hommes qui ont déjà tout, mais qui sont malgré tout infidèles
Tant de mâles qui ne pensent qu’avec leur queue, qui n’ont toujours pas compris l’essentiel

C’est si dommage, pourquoi dans ce monde, c’est avant tout le superficiel
Pourquoi certains sont prêts au pire, jusqu’à mériter la correctionnelle
Pourquoi certains ne pensent qu’à posséder, écraser, soumettre, quitte à devenir de vrais criminels

Pourquoi certains ne voient la relation de couple que comme un duel
Pourquoi, quand il y’a désaccord, certains accusent systématiquement l’autre d’être caractériel
Pourquoi il y’a des hommes qui obligent leur compagne à vivre en liberté conditionnelle
Pourquoi, si elles désobéissent, ils sont capables de devenir si cruels

Combien de couples où chaque individu vit dans l’intérêt personnel
Combien ne vivent que pour la satisfaction individuelle
Où est le plaisir de vivre à deux, lorsque tout est misé sur la relation corporelle
Comment bien vivre ensemble, lorsqu’il n’y a pas de respect mutuel

Quel dommage de choisir un conjoint, de le montrer comme la plus belle bête du cheptel
Simplement pour faire envier les autres, sans avoir eu le coup de cœur, ni le moindre choc émotionnel
Quel gâchis de vivre à deux par intérêt, de n’apprécier que le confort matériel
Quel égoïsme de laisser l’autre s’occuper de tout, de s’amuser pendant qu’il ou elle fait la vaisselle

Il y’a de nombreux couples qui donnent l’impression de s’aimer, alors que tout ou presque entre eux est virtuel
Beaucoup se sont essoufflés, car leur quotidien est devenu monotone et habituel
C’est désolant, mais certains finissent par filer avec la petite nouvelle
En abandonnant Maman, la laissant s’occuper seule de la ribambelle

Il y’a aussi les possessifs, ceux dont la jalousie est devenue obsessionnelle
Ceux qui ne savent pas laisser l’autre libre sans passer par des querelles
Toujours dans la méfiance, prêt à sortir de la poche leur Opinel
Pour le planter dans le ventre du nouveau voisin trop attentionné, pour le découper en lamelles

Il y’a aussi les pervers qui ne pensent qu’avec leur manivelle
Qui s’affolent dès qu’ils voient une paire de mamelles
Ceux qui trompe la « vieille », parce qu’elle s’abîme, et devient moins opérationnelle
Ils font les beaux, ils se la jouent, dès qu’ils voient une jeune pucelle

Nous vivons dans une ère où l’amour sincère paraît complètement irrationnel
Un univers où on opère les gens pour qu’ils correspondent aux critères, comme les objets produits en série dans le monde industriel
Tout ces produits malsains que l’on injecte ont une odeur pestilentielle
La chirurgie plastique a un prix, pour payer, beaucoup vendent leur âme, un jour, le verdict sera sans appel

J’aimerais tant que tout change, que les gens se voient avant tout comme des âmes qui sont éternelles
Dont la beauté, contrairement aux corps, peut être capable de rester intemporelle
J’aimerais que toute l’humanité évolue une bonne fois pour toute, surtout sur le plan spirituel
Et que les couples se forment pour de bonnes raisons, qu’enfin ils se restent fidèles

J’ai la chance d’avoir passé une belle enfance, élevé par un père aimant, et une mère très maternelle
J’ai eu la chance de connaître mes grands parents, des gens tellement exceptionnels
De la bienveillance, de la dignité, de la générosité à grande échelle
J’ai eu la chance de voir de près des couples solidaires, de comprendre que l’amour ne peut se partager qu’au pluriel

J’ai aussi la chance que mon âme sœur m’ait été envoyé par le ciel
Tellement compatible avec moi, avec son côté sage, et son côté rebelle
Traumatisée par son passé, mais elle voit enfin le bout du tunnel
Je suis tellement heureux de savoir qu’elle commence enfin à se sentir bien, qu’elle est prête à se servir de ces ailes

Aimer une personne d’un amour passionnel
Ne compter que sur les plaisirs de la chair, les plaisirs sensuels
C’est parler de l’avenir de sa relation au conditionnel
C’est comme marcher sur la plage, main dans la main, au milieu des mines anti-personnelles

Pour moi, en amour, il n’y a pas qu’un seul modèle
Mais il faut quand même qu’il y ait la petite étincelle
Il faut aussi, je pense, laisser sa moitié vivre librement, comme une hirondelle
Et surtout, je reste convaincu que le respect, le partage, la solidarité et la fidélité ne sont pas optionnels

Si j’ai choisi d’écrire ce poème avec des rimes en L
C’est que lorsqu’on parle de l’âme ou de la beauté, on utilise le pronom elle
Cultiver la beauté de l’âme devrait être une obligation universelle
Pour moi, homme ou femme, nous sommes avant tout des âmes dont la lumière est plus ou moins cachée, et j’ai envi de les appeler les Belles Demoiselles

Loïc Otharan
30 Octobre 2022