Allô la peau lisse

Allô la peau lisse

Au secours, j’ai besoin d’aide ! Allô, police
Ah, zut, ce n’est pas tout à fait le moment propice
En fait, j’oubliais, les gens vraiment dans la détresse n’intéressent pas tellement la justice
Et puis, si j’ai peur, si j’ai mal, c’est de ma faute, ça doit encore être un de mes caprices
De toute façon, si je ne peux plus compter sur une aile protectrice
Il ne me reste qu’une solution, celle de rendre ma peau lisse

Se rendre la peau lisse, et non pas se rendre chez la police
Parce que si quelqu’un te fait du mal, on t’accusera probablement d’être son complice
Ou pire, on t’accusera d’être celui qui fait subir les supplices
Ce n’est pas juste, mais c’est souvent ainsi que les histoires se finissent
Les bourreaux, les pourris, les méchants continuent leur chemin, pas de véritable sanction réparatrice
Les vraies victimes, elles, sont souvent ignorées, repoussées, mises de côté, on se préoccupe peu que tant d’injustices les anéantissent

La vie t’as fait du mal, tu voudrais tout plaquer
Personne ne te comprend, tu vas bientôt craquer
Personne pour te protéger de ces jaloux, qui ne font qu’attaquer
La vie serait tellement plus simple, sans tout ces détraqués
Pourquoi tant de haine envers toi, tu es estomaqué
Tu souhaites le bien aux gens, ils veulent te matraquer

Tu décides de t’enfuir, tu voudrais te marrer
Tu fonces au premier port, toi, le roi des marais
Pour rejoindre le large, tu t’empares d’un bateau amarré
Tu as quelques notions, il est vite démarré
Mer plate et nuages colorés, un ciel bien chamarré
Soleil couchant, tu n’as pas peur, c’est derrière toi que tu laisses le raz de marée

Te voilà enfin seul, personne pour t’embêter
Mer calme, tu fonces droit devant, personne pour t’en empêcher
Mais tu as oublié que les rageux sont entêtés
Que pour te retrouver, ils iront enquêter
Si longtemps tu as cru que vous pourriez vous entraider
Tu apprendras très vite que leurs mauvaises intentions suffiront à t’empêtrer

La tempête des haineux fait rage, la mer n’est plus gentille
La peau lisse, souviens toi ! Abrite toi dans la cale, ferme les écoutilles
Rend la coque étanche, protège ta vie, avant que les vagues en furies ne te la pillent
Ton navire doit se protéger des attaques incessantes de l’océan qui le torpille
Dans ce déchaînement de haine, qui s’en prend à ton âme redevenue petite fille
Tu dois rester imperméable aux méchancetés, en attendant que de nouveau le soleil brille

Te voilà en prison, blotti au fond de la cale
Si tu sors, c’est la mort, le gardien se régale
La tempête devient ouragan, pour t’envoyer dans les profondeurs abyssales
Mais ne lui répond pas, même si tu deviens pale
Les vents s’essouffleront, ils finiront en une petite brise banale
Et à ce moment là, tu n’auras plus qu’à sortir, en savourant ta victoire à la loyale

Si tu réussis à rendre ton bateau étanche aux assauts de l’océan
Tu pourras dire que tu as fait un pas de géant
Car tes assaillants n’auront plus de force, et retomberont sur leur séant
Ils auraient voulu voir dans la coque de ton bateau un trou béant
Au lieu de ça, tu navigues encore, en éblouissant de ta lumière les faux condoléants
Sans faire de mal, tu auras rendu tes ennemis fainéants

Se rendre lisse, c’est laisser cicatriser ses blessures d’écorché, en se protégeant de la négativité, sans lui laisser de place
On peut aussi comparer ça à de la terre recouverte de glace
Sans laquelle les attaques récurantes de l’eau feraient ressortir de la bouillasse
Les mauvaises énergies pourraient facilement s’agripper au sol couvert de caillasse
S’il n’était pas recouvert de cette matière froide et lisse, qui défend avec classe
Une grotte protège, mais la glace laisse passer la lumière, à chacun sa définition du véritable palace

Déformation professionnelle oblige, je vais faire une autre comparaison
Se rendre lisse, c’est un peu comme la finition du plâtre que j’applique dans les maisons
Un plâtre rugueux, et de sa beauté, la poussière aura raison
La poussière, synonyme de négativité, ne pouvant plus s’agripper, n’aura plus qu’à écouter son oraison
Le plâtre, comme la glace, est étanche à l’air mais perspirant, magnifique combinaison
Qui permet de laisser migrer la vapeur d’eau, comparable à l’amour qui nous sert à tous de liaison

Bloquer la haine, s’y rendre étanche, en laissant passer l’amour, pour ne pas se punir
Fermer les fenêtres face aux tempêtes, mais pas les volets, pour laisser passer la lumière censée nous unir
Aimer et rire, avant que notre squelette ne se voit brunir
Pédaler sans s’arrêter, pour ne pas tomber, contre les chutes nous prémunir
Ne plus accorder d’importance aux médisants, aux méprisants qui voudraient nous désunir
Se rendre étanche à la négativité, en laissant passer la positivé, c’est contre les maladies se prémunir

Ton bonheur dépend d’abord de toi, il faut que tu le décides
Si ceux qui te veulent du mal te tendent l’épée pour une fin morbide
Montre leur ton plus beau sourire, jusqu’à ce qu’il s’imprègne sur ta peau, par de sublimes rides
Reste toi même, capable de te regarder en face, laisse de côté tous ces gens stupides
Ne tiens pas compte de ces bouches sales d’où sortent des flots de merde, elles finiront farcies d’hémorroïdes
Ne donne plus d’importance à tout ces envieux, ne boit pas l’eau qu’ils te proposent, au goût tellement insipide

Loïc Otharan
23 Novembre 2022

Commentaires associés à cette publication

1 réponses à Allô la peau lisse

  1. Aizpuru dit :

    Magnifique