Itxassou et son impact sur moi

Itxassou, petit village Basque, à l’intérieur des terres
Au pied de l’Artzamendi, non loin de la mer
Ses cerises et son histoire, aux Itsasuars si chères
Petit village plein de charme, qui a toujours le dont de plaire

Pour moi, Itxassou n’a jamais évoqué quelque chose de spécial
Un beau village, certes, mais rien de particulier à noter dans les annales
Excepté, peut-être, les quelques pique-niques d’enfance, entouré du cocon familial
Ou plus tard les fêtes, où j’ai parfois terminé bancal

Jamais je n’aurais pensé qu’un jour cet endroit représenterait pour moi tant de choses
Je n’imaginais pas qu’en peu de temps, ce lieu ferait de ma vie la métamorphose
Que pour manipuler mes émotions, il deviendrait un vrai virtuose
Qu’un jour, en me rendant sur une tombe, je déclencherais ce qui m’amènerait à voir la vie plus en rose

Tout a commencé il y’a déjà trois ans, lorsque mon épouse a rencontré un de ces villageois
Lassée de notre vie de couple, de notre quotidien, à son goût un peu trop rabat-joie
Elle a trouvé celui qui lui correspondait vraiment, qui lui apporterait plus de joie
Ce qui me fit tressaillir quelques temps, en entendant le nom de ce village, et qui sur ma tristesse joua

Qui dit nouvelle rencontre dit séparation
Qui dit séparation dit garde alternée, des enfants, la privation
Supporter leur absence la moitié du temps, pour moi la plus difficile des situations
Jusqu’au jour où j’ai compris que même dans leur nouveau et deuxième foyer, ils étaient entourés de gens biens, entourés d’affection

Un an plus tard, mettant de côté mes angoisses, j’ai choisi la trêve
Réalisant que la vie passe, me disant « profite donc avant que tu ne crèves ! »
Je m’offris le luxe de réaliser un de mes nouveaux rêves, l’attente fut brève
Celui de randonner jusqu’au sommet de l’Artzamendi, d’admirer ces paysages de rêves

Réconcilié avec ce si beau village
Ne craignant plus du tout d’avancer en âge
Je profitais de mes enfants, lorsque chez moi ils étaient de passage
Et le reste de mon temps libre, je parcourrais les monts Basques, marchant jusqu’à me mettre en nage

Nouvelle vie, nouvelle routine
Changement, les week-ends, le travail en sourdine
Loisirs, plaisirs, le bonheur contamine
Photos et textes en ligne, certains réagissent, et mon parcours s’illumine

S’exprimer, se sentir compris, comme une révélation
J’apprend à mieux me connaître, je me découvre enfin ces nouvelles passions
Qui me pousseront à communiquer, un genre de petite mission
Je sors de mon cocon, commence la transformation

Sur les réseaux sociaux, j’enchaîne les publications
Des échanges écrits, et beaucoup d’émotions
Jusqu’à ce jour où j’ai reçu une bénédiction
La rencontre de ma vie, celle qui si je devais en être séparé, serait pour moi vécu comme une amputation

Quelques mots sans nous voir, et me voici malgré moi devant une tombe
Je n’ai rien calculé, j’ai comme été guidé par une blanche colombe
Mes enfants sont tous près, un nouveau destin les surplombe
En moi tout se bouscule, et explose la bombe

Me voici amoureux, j’ai une nouvelle compagne
Elle et son fils unique m’ont rejoint dans ma campagne
Un de nos point communs, c’est d’aimer la montagne
Itxassou, elle connaît, là-bas, son passé l’accompagne

Un an ensemble, nous voilà au restaurant
Itxassou, on mange bien, mais surtout c’est inspirant
Il y’a des présences invisibles, qui parlent à nos âmes en murmurant
Un homme dans les cieux qui sur nous veille, et mes enfants, non loin, chez leur Maman, de ma vie le colorant

Itxassou fut pour moi le village de la démolition
Il est un des lieux associés à la séparation
Mais il est devenu le village de la reconstruction
Celui qui a participé à transformer ma vie, à me donner l’envie d’aller de l’avant, d’avoir de l’ambition

Loïc Otharan
05 Août 2022